Acétamipride, la pétition contre la loi Duplomb dépasse le million de signatures

L’acétamipride loi Duplomb

La mobilisation citoyenne contre l’acétamipride.

La pétition déposée le 10 juillet 2025 contre la loi Duplomb a franchi le cap du million de signatures en un temps record. En huit jours, elle a dépassé les 500 000 soutiens nécessaires pour déclencher un débat à l’Assemblée. À ce jour, plus de 1,4 million de citoyens ont signé, faisant de cette pétition la plus soutenue jamais enregistrée sur la plateforme officielle du Parlement. Ce niveau d’engagement témoigne d’une inquiétude massive face à la réintroduction de l’acétamipride.

Origine de la loi Duplomb

Portée par les sénateurs Laurent Duplomb et Franck Menonville, la loi vise à « lever les contraintes pesant sur les agriculteurs ». Elle a été définitivement adoptée le 8 juillet 2025. Son article phare permet l’usage dérogatoire de plusieurs substances interdites, dont l’acétamipride, un néonicotinoïde interdit en France depuis 2018. Les partisans du texte dénoncent une perte de compétitivité, tandis que ses opposants redoutent un retour en arrière écologique.

Les dangers avérés de l’acétamipride

  • Neurotoxicité étendue

L’acétamipride agit sur le système nerveux des insectes, mais ses effets touchent aussi d’autres espèces. Chez les oiseaux, les poissons et les mammifères, on observe des troubles du comportement, des pertes de mémoire et des dégâts neurologiques. Sa demi-vie en milieu humide est élevée : près de 80 jours à 12 °C, ce qui accroît fortement son potentiel de bioaccumulation.

  • Pollinisateurs en péril

Une dose minime suffit à tuer la moitié d’une colonie d’abeilles en 48 heures. Même à très faible concentration, cette molécule affecte la mémoire, la reproduction et la navigation des pollinisateurs. Présente jusque dans le nectar et le pollen, elle compromet directement les mécanismes de pollinisation naturelle.

L’acétamipride, un risque pour la santé humaine

Effets sur le développement cérébral

Des études menées au Japon ont détecté un métabolite de l’acétamipride dans l’urine de nourrissons. En parallèle, l’Autorité européenne de sécurité des aliments recommande une réduction drastique des seuils d’exposition. L’acétamipride est suspecté de provoquer des anomalies du développement neurologique chez les enfants.

Perturbations endocriniennes et cancers

Chez les mammifères, il provoque des troubles hormonaux, des malformations fœtales et une baisse de fertilité. Certaines études établissent une corrélation entre son exposition prolongée et l’apparition de cancers du foie, de la thyroïde et des testicules.

Des failles réglementaires inquiétantes

Les agences européennes et françaises divergent sur la dangerosité du produit. L’Anses a conclu en 2016 à une absence de nocivité directe, alors que l’EFSA, en 2024, a recommandé une révision complète des seuils d’exposition, reconnaissant des « incertitudes majeures ».

Durée d’autorisation étendue

Malgré les alertes, le dossier européen a validé une autorisation de 15 ans, soit plus du double de la durée habituelle. Cette prolongation repose sur des données parfois contradictoires, ignorées dans le débat parlementaire.

L’agriculture face à ses contradictions

Les défenseurs de la loi mettent en avant l’absence d’alternatives efficaces, notamment pour la culture de la betterave ou du colza. Pourtant, de nombreuses voix réclament un soutien renforcé à la transition agroécologique. Recherche appliquée, accompagnement des producteurs et incitations financières sont évoqués comme leviers d’action concrets pour sortir de la dépendance aux néonicotinoïdes.

Voir aussi: Cannabis médical en France, législation et perspectives scientifiques

Pour résumer, l’acétamipride est un pesticide à haut risque. Sa réintroduction, justifiée par des raisons économiques, ignore les alertes scientifiques sur ses effets toxiques. Le record de signatures démontre qu’une large part de la population refuse de sacrifier la santé humaine et l’environnement sur l’autel de la productivité agricole. Cette mobilisation pourrait marquer le début d’un mouvement plus vaste en faveur d’un modèle agricole réellement durable.

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