D’après le rapport des Nations Unies, plus de 200 millions de femmes sont victimes d’excision et de mutilation génitale dans le monde. Malgré l’évolution des mœurs et de la culture, cette pratique est toujours persistante et on envisage même que les chiffres pourraient doubler d’ici 2050. Qu’en est-il réellement et pourquoi une telle persistance à notre époque ?
Classification de l’excision
L’excision fait partie des pratiques de mutilation génitale consistant à ablater partiellement ou intégralement les organes génitaux féminins externes. Cela peut être réalisé à des fins médicales, mais aussi à d’autres fins comme la religion, la culture ou autre.
Il en existe différents types dont :
- Le type 1 : la clitoridectomie ou l’ablation partielle ou totale du clitoris chez la femme et du prépuce chez l’homme.
- Le type 2 : l’ablation partielle ou totale du clitoris avec les petites lèvres.
- Le type 3 : l’infibulation pour créer une couverture fermée par découpage des petites et/ou grandes lèvres dans le but d’étrécir l’orifice vaginal.
- Le type 4 : les autres interventions nuisibles et risquées touchant aux organes géniaux féminins pour des raisons non médicales
Quelles sont les raisons de l’excision ?
La pratique de la mutilation génitale date depuis 26 siècles. En occident, l’excision est généralement pratiquée à des fins médicales. Toutefois, elle peut avoir d’autres raisons dans certains pays. Au Burkina Faso et au Mali par exemple, on pense que le clitoris est une menace vis-à-vis du pénis et peut provoquer l’impuissance. En Guinée-Conakry, il s’agit d’un rite de passage de l’enfance à l’âge adulte.
Dans certains pays, elle est obligatoire pour les femmes afin que celles-ci ne puissent pas désirer d’autres hommes. L’excision est également un moyen de contrôler la sexualité chez les femmes. Ainsi, c’est un moyen de garder l’honneur familial vis-à-vis du futur époux, garantissant ainsi la chasteté de la femme.
La plupart des mutilations génitales ont aussi pour raison la religion. Dans beaucoup de croyances, elles sont obligatoires chez les pratiquants. Outre cela, il y a d’autres causes comme le respect des traditions, un faible niveau d’éducation, etc.
Les conséquences de la mutilation sexuelle féminine chez les femmes
L’excision et toute autre forme de mutilation génitale provoquent un impact non négligeable sur la santé sexuelle des victimes. En fonction du type de mutilation, des conditions d’hygiènes lors de la pratique, de l’expérience du praticien et de l’état de la personne qui subit l’intervention, les conséquences peuvent varier.
Dans bon nombre de cas, on peut citer des effets graves à court terme comme une douleur violente, du tétanos, une infection bactérienne, une ulcération génitale, une infection urinaire, une septicémie, une hémorragie, et parfois même la mort. Sur le long terme, les victimes peuvent souffrir d’anémie, d’abcès et kystes, de lésions sur l’urètre, d’hypersensibilité au niveau des parties génitales, de dyspareunie ou douleur durant les rapports sexuels… Il est parfois possible que cela provoque la transmission du VIH, des complications à l’accouchement sans parler des conséquences psychologiques en tout genre.
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Les chiffres de l’excision… en hausse
Selon le rapport de l’ONU, 200 millions de femmes résidant dans 30 différents pays sont excisées. La plupart des personnes concernées se trouvent notamment en Afrique et au Moyen-Orient. Les pays qui pratiquent le plus l’excision des femmes sont l’Indonésie, l’Éthiopie et l’Égypte.
Durant les dernières années, on remarque une forte hausse de la pratique de l’excision dans le monde. En effet, durant la pandémie de Covid-19, l’OMS a noté une augmentation de la pratique alors que pendant l’épidémie de l’Ebola, on a remarqué une baisse considérable.
Les raisons de ce regain de force seraient nombreuses. Mais la plus importante était notamment la fermeture des écoles qui contraignaient les parents et les sociétés à exciser les petites filles afin que celles-ci n’allaient pas traiter dans les rues. Aussi, dans les pays en voie de développement, le ralentissement économique provoqué par la pandémie a poussé des exciseuses à se relancer et à inciter cette pratique. D’après les estimations, le nombre de femmes excisées pourrait plus que doubler d’ici 2050.
Les pays occidentaux ne sont pas épargnés par la recrudescence de l’ablation des parties génitales. En France notamment, on remarque que les chiffres ont doublé en seulement 10 ans allant de 60 000 à 125 000 femmes concernées. L’une des principales raisons étant la féminisation de la population migrante.
La prise en charge des femmes excisées
Si la France comme beaucoup d’autres pays occidentaux interdisent et punissent sévèrement les mutilations génitales féminines, ce n’est pas le cas dans d’autres pays. Et cela, même si plusieurs campagnes de sensibilisation ont été lancées par l’OMS et de nombreux organismes non gouvernementaux.
D’après les observateurs, la sensibilisation ne suffit pas, car l’excision est parfois ancrée dans la culture et le mode de vie de certaines sociétés. Selon les victimes, le mieux à envisager serait d’en parler, et le plus tôt possible serait le mieux. D’autres recommandent d’inclure le sujet dans les manuels scolaires afin de faire prendre conscience aux générations à venir de la sévérité et des conséquences de cette pratique.
Pour les pays occidentaux, les femmes excisées sont prises en charge. En France entre autres, des établissements comment « Maison des femmes » à Saint-Denis interviennent pour prendre en charge les victimes à travers des opérations de réparation du clitoris associées à un suivi psychologique. Aussi, plusieurs séminaires sont régulièrement organisés dans le but de faire connaître aux victimes les différents professionnels de santé à contacter.
Les mesures législatives adoptées face à la mutilation sexuelle
Plusieurs pays ont chacun leurs propres mesures pour lutter contre les mutilations génitales féminines. Pour le cas de la France, c’est l’article L.752-3 du CESADA qui entre en vigueur en cas d’excision chez les mineurs. Selon cet article, alinéa 1 : « lorsqu’une protection au titre de l’asile a été octroyée à une mineure invoquant un risque de mutilation sexuelle, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, tant que ce risque existe et tant que l’intéressée est mineure, lui demande de se soumettre à un examen médical visant à constater l’absence de mutilation. L’Office transmet au procureur de la République tout refus de se soumettre à cet examen ou tout constat de mutilation ».
Dans le cas où l’accord serait notifié, les parents ou tuteurs légaux reçoivent une information préventive liée aux risques médicaux et judiciaires liées aux mutilations génitales. Ensuite, un certificat médical qui atteste l’intégrité physique de la mineure est fourni pour la protéger.