Le choix de suivre des études de médecine en Roumanie plutôt qu’en France peut être influencé par plusieurs facteurs. La pénurie de médecins dans l’Hexagone s’explique en premier lieu par le contingentement du nombre d’étudiants depuis cinquante ans. Encore très partielle, la levée des restrictions ne permettra pas de faire face aux besoins de la prochaine décennie. Et, en attendant, pour ceux qui n’ont pu suivre leur cursus en France, la formation à l’étranger, et notamment en Roumanie, constitue un véritable parcours d’obstacles. Voici quelques raisons possibles :
-
Numérus clausus en France :
En France, l’accès aux études de médecine est souvent limité par un numerus clausus, ce qui signifie qu’un nombre fixe d’étudiants est admis chaque année. Cela rend la compétition très intense et conduit de nombreux étudiants à chercher des alternatives à l’étranger où les critères d’admission peuvent être différents.
-
Coût des études pour les médecins Français
Les frais de scolarité en Roumanie peuvent être moins élevés que dans certaines universités françaises. Les coûts de la vie en Roumanie peuvent également être plus abordables, ce qui attire les étudiants soucieux de leur budget.
-
Disponibilité des places :
Les universités roumaines peuvent offrir davantage de places pour les étudiants étrangers dans certaines filières, y compris la médecine. Cela donne une chance aux étudiants français qui n’ont pas réussi à être admis dans une université française.
-
Programmes internationaux :
Certaines universités roumaines proposent des programmes de médecine en anglais, ce qui attire les étudiants internationaux, y compris les Français, qui préfèrent étudier dans cette langue.
-
Reconnaissance internationale :
Les diplômes délivrés par les universités roumaines sont généralement reconnus à l’échelle internationale, ce qui signifie que les étudiants peuvent pratiquer la médecine dans d’autres pays après avoir obtenu leur diplôme.
-
Expérience internationale :
Étudier à l’étranger offre une expérience internationale enrichissante, qui peut être un atout sur le marché du travail.
La filière francophone de la fac de médecine de Cluj-Napoca, en Roumanie
Située dans le nord-ouest de la Roumanie, en Transylvanie, la ville de Cluj-Napoca compte 350 000 habitants. Son dynamisme économique dû au développement de l’informatique, des nouvelles technologies et de la recherche lui vaut le surnom de Silicon Valley roumaine. Avec six universités publiques et plusieurs privées, elle accueille près de 80 000 étudiants venus de Roumanie, mais aussi de toute l’Europe, d’Afrique et d’Israël.
Le centre-ville de Cluj-Napoca pourrait ressembler à celui d’une ville universitaire française.
Tout autour de la place centrale très animée — la Piața Unirii (place de l’Union) — qui entoure l’église Saint-Michel, les bars-restaurants s’appellent Le Toulouse, L’Alchimiste, le Che Guevara Social Pub… Le week-end, la langue française est très partagée en ces lieux où les jeunes gens se retrouvent après leur semaine de cours.
Près de 1 800 étudiants suivent des études de:
-
-
- médecine générale,
- médecine dentaire,
- chirurgie spécialisée,
- pharmacie.
-
Notamment dans les filières francophones de l’université de médecine et de pharmacie Iuliu-Hațieganu (UMF). Parmi les francophones européens et maghrébins, les Français sont largement majoritaires. Les études de médecine à Cluj constituent pour eux l’ultime chance d’accéder à la profession de médecin.
Plus de 4 500 médecins français ont émigré à l’étranger
Dans le débat sur les déserts médicaux, il est souvent question des médecins étrangers venant exercer en France pour pallier la faiblesse du nombre de professionnels de santé. On évoque moins les médecins français partis exercer à l’étranger. Il est pourtant intéressant de savoir combien exactement ont déjà fait ce choix et qu’est-ce qui les a poussés à partir.
Cette question avait déjà occupé le débat public. Mais à un moment où on était plus préoccupé par la fuite des cerveaux. Cependant, ces jeunes ingénieurs, diplômés de grandes écoles, ont fait le choix de partir à l’étranger dès la fin de leurs études. La question sous-jacente n’était pas les déserts médicaux, mais bien comment retenir de jeunes diplômés. En effet, attirés par de meilleures perspectives de carrière et de salaires à l’étranger. Ce phénomène, particulièrement étudié durant la décennie 2010, a donné lieu à plusieurs études.
Reconnaissance internationale
Dernièrement, la revue Remede s’est intéressée au taux d’évaporation. Soit, la différence entre le nombre de nouveaux diplômés et le nombre d’inscrits à l’ordre.
Cette étude remet en lumière le phénomène de la fuite des futurs médecins Français.
En l’occurrence, le décalage grandissant ces dernières années, entre le nombre de médecins nouvellement diplômés et ceux des nouveaux inscrits.
Pour faire le point, l’article de la revue Remede avait repris les conclusions d’une étude détaillée de l’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS). En l’occurrence, sur les mobilités internationales des quatre professions de santé:
- flux entrants et sortants des médecins,
- chirurgiens-dentistes,
- sages-femmes
- pharmaciens.
Regards sur la mobilité des médecins Français
Ce rapport a croisé de nombreuses sources dont une étude de l’OCDE. Celle-ci estimait en 2015 à 3600 environ les médecins français exerçant à l’étranger. En outre, elle considérant ce chiffre comme probablement sous-estimé. La mise à jour de cette étude par l’OCDE donne pour 2020, 4876 médecins français exerçant dans les autres pays de l’OCDE. Un chiffre important, mais faible en comparaison du nombre de médecins étrangers exerçant en France (27 000). Et ce, par rapport au nombre total de médecins français (228 000). Ce qui représente, 2% environ des médecins français partis exercer à l’étranger.
Ces données restent toutefois difficiles à cerner : les données sur la démographie médicale sont établies par le Conseil de l’ordre. Le Conseil ne recense que ceux qui sont inscrits (voir encadré), ce qui exclut ceux qui effectuent tout ou partie de leurs études à l’étranger, et ceux qui démarrent directement une activité à l’étranger après l’obtention de leur diplôme. Une autre étude réalisée cette fois par l’IRDES avançait déjà en 2011[4] le chiffre de 4311 médecins français exerçant à l’étranger.
Les chiffres de la démographie médicale établis par le Conseil de l’Ordre
Les études menées en France ont surtout porté sur l’exercice en France de professionnels de santé formés à l’étranger. En insistant sur la question de la mobilité internationale des professionnels de santé. Il faut dire que l’information reste difficilement disponible. D’une part, l’inscription sur les listes de l’Ordre n’est obligatoire que pour qui veut exercer en France.